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Révolution citoyenne

Libéralisme et environnement (suite mais pas fin)

8 Septembre 2006 , Rédigé par Christian Laborde Publié dans #Environnement

Une catastrophe écologique en Côte d'Ivoire

Trois personnes - dont deux fillettes - sont mortes à ce jour des émanations de produits chimiques tandis que les hôpitaux de la ville ont vu arriver près de 2 000 personnes se plaignant de maux de tête, vomissements et diarrhées. La cause : le déversement, au cours de la nuit du 19 au 20 août, dans une dizaine de décharges publiques d'Abidjan, la principale agglomération ivoirienne (4 millions d'habitants environ), de dizaines de tonnes de déchets liquides toxiques acheminés depuis le port par une noria de camions-citernes.

Les circonstances du déversement sauvage des déchets toxiques restent floues. Ce qui ne l'est pas c'est l'origine des produits polluants. Ils provenaient d'un navire chimiquier baptisé il y a dix-sept ans, le Probo Koala, battant pavillon panaméen, composé d'un équipage russe, géré par une société grecque, Prime Marine, mais affrété par une firme immatriculée aux Pays-Bas, Trafigura Beheer, spécialisée dans le transport de produits pétroliers et minéraliers. Considéré comme un "grand voyageur", le Probo Koala, selon les informations du Monde, a été inspecté à la mi-juillet en Estonie où des défaillances techniques ont été relevées, notamment l'absence de moyens de lutte contre l'incendie.

Le transport maritime est notoirement, le premier secteur économique qui a subi la mondialisation. Avec les résultats que l'on connait. 8 mars 1967, naufrage du Torrey Canyon, 31 octobre 2000 naufrage du Ievoli Sun. Entre les deux une multitude de catastrophes écologiques et aucune mesure politique n'a été prise pour contrôler efficacement ce secteur.

Quant au tourisme des déchets, la Convention de Bâle devait résoudre le problème. On voit ce qu'il en est dans le cas présent, et récemment dans le cas du Clémenceau.

Autrement dit, on pourrait résumer le libéralisme écologique en : laisser-faire, on ne réglemente pas, ou laisser-aller, on n'applique pas les règlements qu'on a pris contraint et forcé pour plaire à l'opinion publique.

La justice ivoirienne tente aujourd'hui de démêler les responsabilités dans cette affaire. Sept personnes ont été arrêtées, dont trois responsables d'entreprises travaillant sur le port d'Abidjan. L'une d'entre elles est la société de traitement de déchets Puma Energy, filiale de l'entreprise Trafigura, celle-là même qui a affrété le Probo Koala. Un dirigeant de la société Waibs, et un dirigeant de la société Tommy, qui a procédé à l'épandage, ont également été arrêtés.

"L'analyse des produits a montré la présence de composés inhabituels, il fallait en conséquence les stocker et les transporter à Rotterdam, ce qui nous aurait coûté beaucoup trop cher : 35 000 dollars par jour d'immobilisation 250 000 dollars de pénalités de retard", explique Jan Maat, porte-parole de Trafigura.

La cargaison a d'abord été livrée au Nigeria, puis les résidus d'exploitation ont été vidangés à Abidjan, "l'un des ports les mieux équipés d'Afrique de l'Ouest", affirme M. Maat. Selon Jim Puckett, coordinateur du Basel Action Network (BAN), qui lutte contre le trafic de déchets dangereux, "cette multinationale ne peut être naïve au point de croire que la Côte d'Ivoire dispose des moyens de traitement nécessaires". Les défenseurs de l'environnement soupçonnent une volonté délibérée d'échapper aux règles qui contrôlent le transfert de déchets dangereux vers les pays pauvres.

On attend pour voir comment va se terminer ce bel exemple de la mondialisation.

 

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