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Révolution citoyenne

Quel président pour quelle démocratie ?

19 Novembre 2006 , Rédigé par Christian Laborde Publié dans #Politique

On le sait, l'élection du Président de la République au suffrage universel pousse à une personnalisa­tion à outrance des institutions. Les hommes providentiels, on a donné, merci, on a été assez déçu. Personnellement, j'ai beaucoup aimé l'homme qu'était François Mitterrand, nettement moins le Pré­sident. Il n'a pas conduit la France comme je l'aurais souhaité.

Cependant, cela ne signifie pas que le Président puisse être n'importe qui. La démocratie, ce n'est pas la méthode Chirac : le dernier qui a parlé a raison. La démocratie, ce n'est pas non plus la méthode Sé­golène, consulter à la ronde pour tout et n'importe quoi. La démocratie, ce doit être une démarche bien précise :

  1. informer les citoyens des tenants et aboutissants d'un projet,
  2. consulter,
  3. décider en tenant compte des avis reçus,
  4. accepter les critiques en fonction des résultats du projet.

On le voit, c'est une procédure lourde qui ne peut s'appliquer pour la moindre mesure sous peine de paralyser l'Etat. On est aussi très loin de cette idée de jury de citoyens dont on ne sait pas trop à quel titre ils pourraient être aptes à juger les actes des parlementaires. C'est en cela que le premier point est impor­tant, on ne peut bien juger que ce que l'on connaît. Mais là aussi est la difficulté. Critiquer est facile, s'informer l'est moins, il faut prendre le temps d'étudier des sujets parfois ardus. Quand on voit les au­diences comparées de TF1 et ARTE, je pense que l'angélisme risque bien d'être déçu et qu'on se re­trouvera vite avec une minorité agissante, équivalente à la minorité militante actuelle, face à une ma­jorité râlant qu'on ne l'écoute pas.

Cela dit, ne nous décourageons pas, la démocratie, cela s'apprend, surtout la démocratie directe. La Suisse que je connais bien pour y vivre en est un bon exemple : le populisme y est bien vivace et les gens sont souvent très mal informés des sujets pour lesquels on les consulte. De fait, on leur demande le plus souvent de voter oui ou non pour des paquets déjà ficelés auxquels ils ne comprennent rien. Il est très rare qu'on les consulte pour des sujets cruciaux et dans ces cas là, les lobbies qui sont très puissants font une débauche de propagande à laquelle il est difficile de s'opposer.

Deux exemples contraires :

Moratoire sur le nucléaire. Cette initiative populaire n'a pas été acceptée à la suite d'une campagne où la propagande de la droite financée par le lobby nucléaire a été massive et de mauvaise foi (menace sur les prix de l'énergie, sur des ruptures d'approvisionnement...). C'est à la suite de manifestations populaires monstres (à l'échelle du pays) et d'occupations de sites qu'un moratoire de fait s'est imposé.

Moratoire sur les OGM. Cette fois une initiative populaire a été acceptée contre l'avis du gouverne­ment et des partis de droite et malgré, à nouveau, une propagande d'une mauvaise foi éhontée.

Ces exemples montrent que la démocratie directe est un instrument délicat à mettre en oeuvre et qui peut impliquer populisme et manipulations. Par ailleurs, si on l'utilise sans discernement, on peut exa­cerber l'égoïsme et l'individualisme. Faîtes voter pour un stade et vous trouverez une majorité qui n'aime pas le sport et ne voit pas l'intérêt d'investir pour cela.

Tout cela pour dire que, quelle que soit la démocratie que l'on souhaite, quel que soit le projet de so­ciété que l'on défend, le choix du Président n'est pas indifférent. Il devra être un homme de conviction pour porter ce projet et défendre cette démocratie.

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