Les prédateurs ont gagné
Il y a dix ans était lancé l'appel de Genève. Depuis, les paradis fiscaux n'ont cessé de prospérer.
Les prédateurs ont gagné
Par Denis Robert journaliste.
Le 1er octobre 1996, Genève et son université. Sept magistrats alignés le long d'une table et moi à un bout. L'initiative était privée. A aucun moment un gouvernement, un Parlement ou une commission, fût-elle européenne, ne s'en étaient mêlés. Voir la suite...
Clearstream serait-il le principal outil de domination du monde par l'argent roi ?
A noter ce passage : « le financement du terrorisme était le dernier souci de l’administration américaine. Il l’est toujours. »
Etonnant de la part d'un Etat qui a fait de la lutte contre le terrorisme son affaire personnelle. Cela renforce ceux dont je suis qui pensent que cette lutte est plutôt un instrument de l'impérialisme US. Alors, les paradis fiscaux n'ont pas de soucis à se faire.
Et cet autre passage : « Conseil de l'Europe, traité de Rome, accords de Schengen, traité de Maastricht: pas à pas, l'Europe se construit. A l'ombre de cette Europe en construction visible, officielle et respectable, se cache une autre Europe, plus discrète, moins avouable. C'est l'Europe des paradis fiscaux qui prospère sans vergogne grâce aux capitaux auxquels elle prête un refuge complaisant. C'est aussi l'Europe des places financières et des établissements bancaires, où le secret est trop souvent un alibi et un paravent. Cette Europe des comptes à numéro et des lessiveuses à billets est utilisée pour recycler l'argent de la drogue, du terrorisme, des sectes, de la corruption et des activités mafieuses… »
Et puis : « Nous devons aujourd’hui, dix ans après Genève, nous interroger sans chercher à biaiser : Y a-t-il une justice européenne ? Les criminels financiers sont-ils moins en sécurité ? Les juges communiquent-ils mieux entre eux ? La part d’argent noir est-elle en diminution? Fabrique-t-on moins de pauvreté dans nos pays développés ? Toutes ces questions sont intimement liées. A chacune d’elle, la simple perception du réel contraint de répondre sans aucune hésitation par la négative. »
Et enfin : « L’argent volé, défiscalisé, est rarement réinvesti dans l’outil économique. »
Un réquisitoire sans appel contre notre système économique et judiciaire qui créé des règles pour mieux les violer. Deux poids deux mesures, riches et pauvres, rien à changé depuis La Fontaine (voir Les Animaux malades de la peste).