Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Révolution citoyenne

Pouvoir d'achat pour qui ?

30 Août 2006 , Rédigé par Christian Laborde Publié dans #Politique

Le magazine 60 millions de consommateurs conteste la progression du pouvoir d'achat annoncée par Thierry Breton sur la base des prévisions de l'Insee. Dans sa note de conjoncture publiée en juin, celle-ci table en 2006 sur une hausse du pouvoir d'achat de 2,4 %.

Mais l'Institut national de la consommation (INC) publie ainsi, ce mardi 29 août, dans son mensuel 60 millions de consommateurs, une étude qui tente de montrer que les chiffres de l'Insee ne correspondent pas à ce que vivent et ressentent les Français, notamment les ménages les plus modestes. "D'après nos calculs, estime Marie-Jeanne Husset, la rédactrice en chef, la hausse du pouvoir d'achat n'est que de 0,9 %, en comptant large !"

Depuis l'introduction de l'euro, en 2002, le débat sur la vie chère est devenu un rituel de rentrée, opposant, d'un côté, les syndicats et les associations de consommateurs, qui dénoncent l'appauvrissement des ménages, et, de l'autre, les organismes de statistiques, qui démontrent le contraire.

Selon 60 millions de consommateurs, le revenu moyen disponible des ménages, activité, patrimoine et prestations sociales inclus, a, certes, augmenté entre juin 2005 et juin 2006 de 2,8 %, en hausse de 68 euros, à 2 488 euros. Mais ce gain est ponctionné de 47 euros par les hausses de prix sur les dépenses incompressibles des ménages. "Le gain réel de pouvoir d'achat se limite donc à 21 euros, soit 0,9 %", conclut Marie-Jeanne Husset.

La seconde critique de l'INC concerne la prise en compte du coût réel du logement. "L'indice des prix à la consommation calculé par l'Insee - en hausse de 1,9 % en un an fin juillet 2006 - n'est pas un indice du coût de la vie, analyse Mme Husset, car il sous-estime le poids réel de certaines dépenses. Les loyers en sont l'exemple le plus manifeste : ils ne comptent que pour 6 % dans l'indice des prix alors que les Français locataires, toujours selon l'Insee, consacrent de 18 % à 24 % de leur budget à se loger !" L'Insee ignore en effet la hausse des prix d'achat des logements, considérant qu'il ne s'agit pas de consommation, mais d'investissement.

Enfin, les calculs officiels intègrent "l'effet qualité" de certains produits, en minorant les hausses de leur prix, à son avis compensées par une amélioration de leur qualité. C'est le cas du matériel informatique, dont la puissance progresse sans cesse. "A l'Insee, nous estimons que cet effet qualité ne fait baisser l'inflation que de 0,3 point, argumente Françoise Morel. En l'absence de cette correction, l'inflation sur un an, en août 2006, serait de 2,2 % au lieu des 1,9 % annoncés."

Pour Laure Maillard, économiste de CDC IXIS, "on ne peut mettre en doute les calculs de l'Insee, qui s'appuient sur un outil statistique solide et fiable, mais dans une approche macroéconomique et pour un ménage fictif. Or tous les ménages ne sont pas égaux devant l'inflation. Certains, faute d'argent, n'achètent pas les produits dont les prix baissent, comme l'électroménager, les écrans plats, les vêtements, et subissent, au contraire, les hausses les plus fortes, de loyers, de fioul ou de transports".

Tout ceci appelle plusieurs remarques :

D'abord, c'est pour une fois l'économiste qui montre le plus de bon sens, comment comparer en effet, la consommation d'un smicard et d'un PDG pour prendre les deux extrêmes. C'est le principe même d'un indice des prix unique qui est vicié. En fait, le but du jeu est de cacher la triste vérité : l'écart ne fait que se creuser entre bas et haut revenus.

Les défenseurs des consommateurs et les syndicats, pinaillent sur des détails de calcul et ne dénoncent pas le principe même. Cela montre à quel point ils sont formatés par le système.

Enfin l'intégration d'un "effet qualité" minorant les hausses de prix est une aberration. En effet, si l'on peut noter des améliorations de performances dans le cas du matériel informatique, la fiabilité est en baisse depuis les délocalisations massives vers la Chine. A tel point que, personnellement, j'ai beaucoup moins de problèmes avec mon matériel ancien qu'avec le plus récent. Par ailleurs, on se demande ce que cette notion fait dans un indice des prix.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article