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Révolution citoyenne

Question de vocabulaire

27 Février 2008 Publié dans #Politique

Nicolas Sarkozy, dans sa faconde démagogique, nous avait habitué à un vocabulaire de bas étage, mais il vient encore de me surprendre. Voir un Président de la République traiter quelqu'un de « pauvre con », cela ne s'était jamais vu. Le Président polonais conservateur Lech Kaczynski s'y était bien essayé, mais cela n'avait pas fait de vague en dehors de la Pologne. Un Polonais, c'est presque un Cosaque, ce n'est pas la même chose qu'un Président de la République Française.

Eh bien, le pas est franchi ! Notre Président s'est rabaissé au rang d'un cosaque, d'un soudard, d'un quelconque loubard de banlieue !

Et maintenant, ses ministres qui ont l'habitude de jouer les pompiers pour éteindre les incendies qu'il allume par ses foucades, doivent aller au charbon pour défendre l'indéfendable. Quel bouleau ! Et l'on voudrait qu'ils s'occupent de la France en plus ! C'est impossible, où trouveraient-ils le temps après avoir trituré leurs neurones pour en sortir de telles niaiseries :

«Franchement, ça nous arrive à tous d’avoir ce type de réaction quand on est insulté […]. Le président de la République, c’est un homme. Ce qui compte, c’est aussi la façon dont on réagit, c’est la transparence. Il n’y a pas d’hypocrisie» (François Fillon Premier ministre).

«Le président de la République ne se laisse pas insulter»(Xavier Bertrand, Travail).

«un échange d’homme à homme [...] le Président prouve qu’il est spontané et assez moderne dans son comportement» (Michel Barnier, Agriculture).

«face à la déferlante d’insultes qui s’abat sur lui, Sarkozy fait preuve d’une sérénité vraiment exceptionnelle» (Roger Karoutchi, Relations avec le Parlement).

Il s'agissait «d'un dialogue privé, d'homme à homme, direct et viril» (l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin).

«Nicolas Sarkozy s'est exprimé de manière à ce que son interlocuteur le comprenne, eh bien moi je trouve ça très bien que le président de la République s'exprime comme chaque Français» (Brice Hortefeux, Immigration).

Ainsi donc, le gouvernement, après avoir violé la démocratie avec le traité de Lisbonne, viole le vocabulaire. « Qui peut le plus peut le moins » me direz-vous. Eh bien non ! Le changement du vocabulaire n'est pas une chose anodine, c'est un moyen de cacher ses intentions malveillantes derrière un paravent de bons sentiments. Ainsi, une droite extrême devient une « droite décomplexée », le cynisme d'un Président devient de la « transparence », un Président qui perd ses nerfs devient un homme « spontané et assez moderne dans son comportement », une algarade en public, devant les caméras devient « un dialogue privé, d'homme à homme, direct et viril ».

Il faut bien comprendre que déformer le vocabulaire n'est jamais innocent. C'est une méthode pour déformer la vision que l'on a de l'action politique. Ainsi, on a fait passer les victimes de régression sociale pour des privilégiés arc-boutés sur des avantages indus et, chaque jour, on voit des pans entiers de nos droits disparaître au nom du « progrès ».

Ainsi donc, si nous voulons combattre efficacement cette droite prédatrice, il faut apprendre à décoder cette nouvelle langue et voir derrière les étiquettes mensongères.

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